jeudi 3 avril 2014

Voir Desaguadero et mourir...récit de Fab

31 mars

Pour passer du Pérou en Bolivie nous avions choisi de prendre un bus de nuit partant à 21 heures de Arequipa, arrivant à 5 heures du matin à Desaguadero le poste frontiere.
Naïves que nous sommes, nous pensions :
 1° que toutes les compagnies de bus offraient les mêmes services pour la même classe
 2° que tous les bus arrivaient dans un terminal de bus.

La première surprise fut donc de constater que nous n'aurions pas de couverture pour la nuit comme les autres fois. Nous avons donc passé la nuit à couvrir les parties du corps que l'on pouvait avec ce que l'on avait sachant que le néon lumineux indiquait une température de -6 à l'extérieur et qu'il n'y avait pas de chauffage dans le bus ... furieuse envie de piquer les couvertures des ronfleurs d'à côté (des locaux qui eux savaient) !
De plus nous avions les derniers sièges du bas à l'arrière du bus, ceux placés sur les roues qui vous font sauter à chaque trou ou bosse (sachant que les 2/3 du trajet s'est fait sur piste).... quelle nuit !

La deuxième surprise après cette nuit magique fut de constater que nous étions débarquées par -2°dans la nuit dans un terrain vague à peine éclairé, avec, à la sortie du bus , des "tryci-taxis" se battant entre eux pour prendre nos bagages, sans nous demander notre avis d'ailleurs !
Isa ayant une furieuse envie d'aller aux toilettes et l'humeur n'étant pas des plus aimables, nous avons empoigné presque de force nos bagages et sommes parties à la recherche du graal pour ma douce et tendre, j'ai nommé les toilettes. Après avoir essuyé un refus dans un hôtel ouvert nous jetons notre dévolu sur les toilettes publiques, fermées ! Je jette un regard dans la guitoune et vois une dame vêtue en habits traditionnels remonter sa culotte sous ses jupes et sortir ouvrir le cadenas des toilettes dames, Isa s'y précipite. Pendant ce temps la petite dame essaye d'ouvrir pendant 5 minutes le cadenas des toilettes hommes et je me dis qu'heureusement que cela avait été plus vite pour les dames car elle aurait pu se faire tuer sur place....
Bref, une fois Isa sortie, le calme revenu, ne sachant absolument pas à combien de distance nous étions de la frontière dans ce no man's land nous décidons de retourner près du bus et de finalement prendre un tryci-taxi



qui nous emmène.... 500 mètres plus loin, juste derrière les toilettes, à la frontière Bolivienne via des chemins en montée. Le pauvre ! Je ne vous dirai pas nos poids mais nous deux plus les bagages, autant vous dire que nous avons dû descendre pour l'aider !

Arrivées à la frontière Bolivienne,



le policier bolivien en faction nous dit que nous n'avons pas le visa de sortie du Pérou et qu'il nous faut donc nous en retourner... grgrgrgrgrgr, pressées qu'on était nous n'y avions même pas pensé ! Nous nous en retournons donc cette fois à pied et nous nous mettons à la fin de la queue de ceux qui, eux, y avaient pensé et attendent devant le bureau peruvien de la migration.

Il est 6h15, le jour s'est levé, il fait toujours -2°, un vent glacial souffle et nous constatons devant nous qu'un petit village s'est installé !
Il y a celles qui font du change : nous changeons nos sols péruviens contre des bolivios.



Celles qui vendent du café et du Maté coca, utile pour réchauffer les seules qui n'ont pas de couverture autour des jambes et des épaules..


Celles qui vendent des gants, utile pour celles, c'est à dire moi, qui en ont perdu un au bout de 3 jours et qui ont froid aux mains.
Ceux qui vendent un breuvage fait de pleins de décoctions et que nous n'avons pas osé goûter.


Dans la file, juste avant nous, il y a Paulo, Péruvien, avec qui nous devisons, en anglais et en espagnol, et qui nous apprend que de l'autre côté de la frontière il n'y a pas de bus mais seulement des taxis pour aller à la Paz, 120 Kms plus loin. 

Il se propose de nous attendre, de nous aider à négocier le taxi et de le partager avec nous. Nous nous perdons de vue le temps de passer la migration Péruvienne puis Bolivienne mais nous retrouvons plus tard et faisons route ensemble dans un taxi break où nous avons même embarqué un passager dans le coffre !

En route Paulo me demande de faire un texto en Français à sa petite amie pour la demander en mariage. Je m'exécute même si je trouve cela étrange.

Arrivés à la Paz à midi Paulo ne veut pas nous lâcher dans l'inconnu. Il nous explique quels taxis ne pas prendre et attend avec nous pour en héler un "seguro" c'est à dire à peu près officiel et négocier le tarif pour nous. Le premier qui s'arrête s'accroche dans le meme temps avec un bus. Les 2 chauffeurs descendent, se filent sous nos yeux ébahis des coups de boule et en viennent à utiliser les crics de voiture pour se battre, créant un attroupement dont nous sortons bien vite.
Notre bienfaiteur tient à nous trouver un autre taxi, négocie le tarif et nous laisse en nous embrassant comme si on se connaissait depuis toujours. Nous avons échangé nos coordonnées et si un jour nous pouvons l'aider à réaliser son rêve qui est de venir à Paris nous le ferons.

Bref, à 13 heures nous sommes dans notre chambre et nous pouvons enfin dormir 2 heures tranquilles. Mais quand-même, juste avant de plonger dans les bras de Morphée, on se promet que la prochaine fois on se renseignera davantage sur le déroulement des trajets, qu'on évitera les arrivées en pleine nuit dont on commence à être gavées et qu'on ne prendra plus de places en fond de bus.

On apprend toujours de ses erreurs parait-il ? En voilà que nous ne referons pas .!

11 commentaires:

Unknown a dit…

Un vrai thriller !
Quand on lit ça, on est heureux d'avoir sur soi un truc blanc qui s'appelle une couette.
Bises nantaises.

Anonyme a dit…

Toujours un plaisir de lire vos aventures, malgré vos déboires je commence la journée avec le sourire....allez les filles vous êtes des championnes!!!!
Mu

Gérard Carnot a dit…

Enfin des galères de routard, on attendait ça ....

Unknown a dit…

avec vos aventures, il est bien de vous lire avec alternance : Isa pour les décors, Fabienne pour l'ambiance. Je parie que vous allez changer de métier après ce tour du monde !
Bises matinales (7h39)

Odile a dit…

Trop drôle...manifestement les incivilites et divers débordements au volant sont universels...bises

Anonyme a dit…

J'adore ... encore encore continuez à nous faire partager... on s' y croirais
Comme dis GG enfin des petites galères...
Pleins de bisousss
Fred

Anonyme a dit…

Vous auriez du emmener un chien avec vous, il vous aurait réchauffées ;-). Ah découvrir le monde n'est pas un long fleuve tranquille! Bon des fois, on ne vous envie pas. En tout cas merci de nous faire partager vos aventures qui nous font bien rire surtout la photo où on vous voit congelées. Courage. Bisous. Domi

Annick et Denise a dit…

Et d'aventures en aventure de........tralalala.......extra on s'y croit vraiment. Bientôt vous aurez toutes les ficelles des tourdumondistes ! Bises à vous et à bientôt de vous c'est un vrai plaisir, merci.

Annick et Denise a dit…

Nous disions donc : "à bientôt de vous lire" !

Vivre à Plessé a dit…

Wow, on reste accroché jusqu'au bout !
On y est presque...
Quel courage et quelle tenacité !

Anonyme a dit…

Quelle aventure !
je vous plains, et je vous souhaite à l'avenir de connaître un meilleur confort lors de vos déplacements !
Vous allez finir par regretter les embouteillages et le crachin nantais!
heureusement qu'on vous aime très fort !Bisous,
Jean-Paul